Dix personnes ont fait un gâteau.
Ce bon gâteau, est découpé en dix parts égales, suffisamment
grandes pour tous les nourrir, mais…
Car il y a un mais : lors du partage certains participants ont décidé de se servir en premier en fonction du rôle qu'ils estiment avoir joué dans la fabrication du gâteau.
Tout d'abord, la vielle Liliane B., qui a mis à disposition les instruments et la cuisine, hérités de son père et entretenus par une grande holding de patrimoine, prend pour elle un quart du gâteau, soit 2 parts ½.Le second à se servir, Serge D. prend 1 part ½, car c'est lui qui a fourni la recette du gâteau, recette elle aussi héritée de son père, mais tout de même légèrement améliorée par ses soins, grâce à son savoir-faire acquis à la prestigieuse école d'ingénieurs Supgâteau.
Il reste 6 parts pour les huit autres participants.
Jean-Pierre, cadre dirigeant et ingénieur, qui a grandement
aidé Serge D. a améliorer la recette (amélioration dont il a,
soit-dit en passant, accepté d'être dépossédé de la paternité,
au profit de l'entreprise de monsieur D., qui l'emploie), et a aidé
a la répartition des tâches et à la motivation de l'équipe, prend
une part.
Sylvie, le médecin qui a ausculté tous les
participants pour savoir s'ils étaient en bonne condition physique
pour cuisiner, prend aussi une part. Elle estime que la durée de ses
études, le service qu'elle rend aux participants, ainsi que les
risques qu'elle prend si elle faisait un mauvais diagnostic, valent
bien cette rétribution.
Christophe, agriculteur, qui a fourni
les ingrédients nécessaires au gâteau, prend une part, car cela
lui a demandé beaucoup d'énergie et de temps pour produire les œufs
et la farine. Il devra tout de même redonner une partie de sa part à
ses animaux pour les nourrir. Il possède beaucoup, mais tire peu de
revenus de ses possessions.
Il reste 3 parts pour les cinq personnes restantes.
Caroline, fût la vraie pâtissière, elle possédait le tour
de main pour faire un bon gâteau. Bien qu'ayant fait (avec Robert
que nous présenterons plus bas) la fabrication, elle ose prendre à
peine plus de ¾ de part.
Fatima, a joué le rôle de
secrétaire, transmettant les désidératas et les recommandations
des concepteurs de la recette et de la propriétaire du matériel aux
cuisiniers, gérant les visites médicales chez Sylvie…
Elle se
voit attribuer ¾ de part.
Robert, ouvrier de Liliane B. et
Serge D., qui a grandement aidé Caroline a cuisiner, en battant les
œufs, en gérant la cuisson au four…, reçoit un peu moins de ¾
de part. Il peut s'estimer heureux, comme Liliane et Serge aiment a
le lui rappeler : son travail ne nécessitait pas de savoir-faire
particulier, et n'importe quel autre participant aurait pu faire ce
qu'il a fait.
Il reste trois quart de part pour les deux derniers participants.
Kevin, chômeur suite à la fermeture de l'usine de
pâtisseries industrielles dans laquelle il travaillait, obtient par
solidarité ½ part (mais il ne faut pas qu'il abuse trop de la
générosité des autres convives, si l'usine a fermé c'est
certainement un peu de sa faute).
Mamadou, est venu ici parce
qu'il avait faim. Dans sa cuisine d'origine il n'y a plus de quoi
faire un gâteau : nos neuf autres convives, avec l'accord du
chef-cuistot de Mamadou, ont pris l'énergie de sa cuisine pour
préparer leur gâteau, qui aurait été plus petit sinon. Il n'y
avait plus de gaz pour chauffer son four, plus d'uranium pour
s'éclairer, plus d'engrais pour faire pousser le blé…
Il est
rentré discrètement et c'est arrangé pour nettoyer la cuisine et
les instruments contre ¼ de gâteau. C'est mieux que rien… de
toute façon il ne peut pas demander autant que Kevin, sinon il
risque d'être expulsé de la cuisine.
Conclusion
C'est une histoire très caricaturale, je le reconnais, mais
c'est un peu comme ça que je conçois le partage actuel (et très
inégal, mais sans doute moins que dans d'autres parties du monde) du
gâteau France.
Les 20% de Français les plus riches
possèderaient plus de 40% de la richesse française (en faisant une
répartition entre ce qu'ils ont déjà et l'augmentation de leur
richesse par leur revenu annuel).
Cette répartition est très
approximative, elle provient de calculs pifométriques utilisant les
données du site web "Observatoire des inégalités", d'une
part sur le patrimoine
, et d'autre part sur les revenus.
Je sais, c'est pas bien de tirer ses données d'une unique source,
mais je n'ai pas la motivation pour analyser les données de
l'INSEE.
Si vous passez par hasard sur ce site (ou si je vous
ai supplié de venir y faire un tour) et lisez cet article jusqu'au
bout, qu'en pensez-vous ?
N.B. : j'accepterai uniquement les
commentaires constructifs et supprimerai ceux que je considèrerai
comme insultants.